Dostoïevsky... le seul qui
m'ait appris quelque chose
en psychologie... Sa découverte
a été pour moi plus
importante encore que celle
de Stendhal.
Fr. NIETZSCHE.
TABLE DES MATIÈRES
DOSTOÏEVSKY D'APRÈS SA CORRESPONDANCE (1908)
«LES FRÈRES KARAMAZOV»
ALLOCUTION LUE AU VIEUX-COLOMBIER
CONFÉRENCES DU VIEUX-COLOMBIER
APPENDICE
À JACQUES RIVIÈRE
À Pierre-Dominique Dupouey.
La masse énorme de Tolstoï encombre encore l'horizon; mais—ainsiqu'il advient en pays de montagnes où l'on voit, à mesure que l'ons'en éloigne, par-dessus la plus proche cime, la plus haute, que laplus voisine cachait, reparaître—quelques esprits avant-coureurspeut-être remarquent-ils déjà, derrière le géant Tolstoï,reparaître et grandir Dostoïevsky. C'est lui, la cime encore à demicachée, le nœud mystérieux de la chaîne; quelques-uns des plusgénéreux fleuves y prennent source, où les nouvelles soifs del'Europe se peuvent abreuver aujourd'hui. C'est lui, non point Tolstoïqu'il faut nommer à côté d'Ibsen et de Nietzsche; aussi grand qu'eux,et peut-être le plus important des trois.
Il y a quelque quinze ans, M. de Vogüé, qui fit le noble gested'apporter à la France sur le plateau d'argent de son éloquence lesclefs de fer de la littérature russe, s'excusait, lorsqu'il en vint àDostoïevsky, de l'incivilité de son auteur; et, tout en luireconnaissant une manière de génie, avec des réticences de bon ton,gêné par tant d'énormité, il en demandait pardon au lecteur, avouaitque «le désespoir le prenait d'essayer de faire comprendre ce monde aunôtre». Après s'être allongé quelque temps sur les premiers livres,qui lui semblaient les plus susceptibles, sinon de plaire, du moinsd'être supportés, il s'arrêtait à Crime et châtiment, avertissaitle lecteur, bien forcé de l'en croire sur parole puisque à peu prèsrien d'autre n'était alors traduit, que, «avec ce livre, le talent deDostoïevsky avait fini de monter»; qu'il «donnerait bien encore degrands coups d'ailes, mais en tournant dans un cercle de brouillard,dans un ciel toujours plus troublé»; puis, après une présentationdébonnaire du caractère de l'Idiot, parlait des Possédés commed'un «livre confus, mal bâti, ridicule souvent et encombré dethéories apocalyptiques», du Journal d'un écrivain comme d'«hymnesobscurs échappant à l'analyse comme à la controverse»; ne parlait nide l'Éternel Mari[1] ni de l'Espri BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!
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