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[Transcriber's note: MIRABEAU (Honoré Gabriel Riquetti,comte de Mirabeau) (1749-1791),Ma conversion ou le libertin de qualité (1783), édition de 1921
A French erotic novel of the 18th Century.]
L'oeuvre
du
Comte de Mirabeau
(…)
Ma conversion, ou le Libertin de qualité
(…)
Le Libertin de Qualité
Monsieur Satan,
Vous avez instruit mon adolescence; c'est à vous que je doisquantité de tours de passe-passe qui m'ont servi dans mespremières années.
Vous savez si j'ai suivi vos leçons, si je n'ai pas sué nuitet jour pour agrandir votre empire, vous fournir des sujetsnouveaux.
Mais, Monsieur Satan, tout est bien changé dans ce pays; vousdevenez vieux; vous restez chez vous; les moines même nepeuvent vous en arracher. Vos diablereaux, pauvres hères! n'ensavent pas autant que des récits infidèles, parce que nosfemmes les attrapent et les bernent.
Je trouve donc une occasion de m'acquitter envers vous; jevous offre mon livre. Vous y lirez la gazette de la cour, lesnouvelles à la main des filles, des financiers et des dévotes.Vous serez instruit de quelques tours de bissac où, tout findiable que vous êtes, vous auriez eu un pied de nez. Mais quevotre chaste épouse n'y fourre pas le sien; car aussitôtcornes de licornes s'appliqueraient sur votre frontséraphique.
Défiez-vous surtout de ces grandes manches à gros vit, et nelaissez pas aller votre femme en confrérie sans une ceinture.Cependant, que la jalousie ne trouble pas votre repos; carvoyez-vous, Monsieur Satan, si elle le veut, cocu serez, etquand vous la mettriez en poche, s'y foutrait-elle par laboutonnière.
Puissent les tableaux que j'ai l'honneur de mettre sous vosyeux ranimer un peu votre antique paillardise. Puisse cettelecture faire branler tout l'univers!
Daignez recevoir ces voeux comme un témoignage du profondrespect avec lequel je suis,
Monsieur Satan,
de votre altesse diabolique
le très humble, très obéissant
et très dévoué serviteur,
Jusqu'ici, mon ami, j'ai été un vaurien; j'ai couru lesbeautés, j'ai fait le difficile: à présent, la vertu rentredans mon coeur; je ne veux plus foutre que pour de l'argent;je vais m'afficher étalon juré des femmes sur le retour, et jeleur apprendrai à jouer du cul à tant par mois.
Il me semble déjà voir une dondon, qui n'a plus que six mois àpasser pour finir sa quarantaine, m'offrir la molle épaisseurd'une ample fressure. Elle est fraîche encore dans sa courtegrosseur; ses tétons rougissants d'une substance trèsabondante sont d'accord avec ses petits yeux pour exprimertout autre chose que de la pudeur; elle me patine la main; carla financière, comme son mari, patine tout et toujours; jerougis: ah! voyez comme cela me va, comme mes yeux s'animent,comme mon pucelage m'étouffe; car vous noterez que j'ai monpucelage et que je cherche à me faire élever. On m'offre plusque je ne veux; les agaceries sont de vraies orgies…