LE
13E HUSSARDS

TYPES,  PROFILS
ESQUISSES   ET   CROQUIS   MILITAIRES...


 
A PIED ET A CHEVAL

PAR

É M I L E   G A B O R I A U

VINGT-TROISIÈME ÉDITION


colophon


P A R I S
E.   DENTU,   ÉDITEUR
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES PALAIS-ROYAL, 17 ET 19,GALERIE D’ORLÉANS
——
1879
Droits de traduction et de reproduction réservés

 

TABLE DES MATIÈRES

 

LE 13E HUSSARDS


I

—Mille millions de tonnerres! s’écria le hussard Gédéon Flambert, j’yvois clair à la fin. Moi qui m’étais engagé pour servir glorieusement mapatrie, je suis tout simplement entré au service d’un cheval—de moncheval.

Encore, ai-je bien le droit de l’appeler mon cheval, et n’est-ce paslui, qui, à plus juste titre, pourrait dire: mon cavalier?

Le hussard Gédéon, de garde d’écurie ce soir-là était alors à demicouché sur une botte de paille. Pour la première fois, depuis cinq moisqu’il était soldat, il trouvait un instant pour réfléchir.

—Oui, continua-t-il, tout pour mon cheval, impossible de sortir de là.C’est, ma parole d’honneur, à en être jaloux. Je lui appartiens commel’ombre au corps, ma vie est à lui, il l’absorbe, il la dévore. Carenfin, à quoi se passent mes jours, qu’ai-je fait aujourd’hui?

Ce matin, à cinq heures, bien avant le jour, j’ai été éveillé par leséclats enragés des trompettes.—Premier déjeuner et toilette de moncheval.

Nouveau coup de trompette à six heures; pansage.—Cinq quarts d’heuredurant j’ai étrillé, brossé, bouchonné, épongé, peigné mon cheval.

A neuf heures, promenade de mon cheval.

A midi, autre repas de mon cheval.

A deux heures, second pansage de mon cheval, nouveaux soins, autrerepas.

A sept heures enfin, souper de mon cheval.

Et encore et toujours mon cheval! Pour lui on a remis en vigueur lecérémonial décrété par Caligula à l’usage de celui dont il fit unconsul.

Cependant mon cheval est en bonne santé. Que serait-ce, grand Dieu!s’il était au régime. Je tremble à la seule pensée qu’il peut tombermalade et qu’alors je deviendrais son infirmier.

Mes journées ne lui suffisent pas, il lui faut mes nuits. Ainsi, à cetteheure, lorsque je serais si aise de reposer dans mon lit, je suis ici degarde d’écurie, c’est-à-dire que je vais passer la nuit à veiller sur lesommeil de mon cheval, et du cheval de mon brigadier, et des chevaux detous mes camarades...

—Garde d’écurie! cria une voix formidable, garde d’écurie!

D’un bond, Gédéon fut sur pied et en présence du brigadier de semainequi faisait une ronde.

—Je présuppose que vous dormiez, dit sévèrement le brigadier; vousaurez le plaisir de me faire celui de deux jours de consigne.

—Brigadier, je vous assure...

—Silence dans le rrrang ou je réitère. Que je sais que les chevaux ilsse plaignent que vos ronflements ils les empêchent de dormir.

Il n’y avait rien à répondre. Le brigadier s’éloigna en amortissa

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!