ANIE

PAR

HECTOR MALOT

PARIS



PRÉFACE
de la version illustrée.

À notre connaissance, il n'existe pas de version illustrée de ce roman dans le formatlivre-papier. Il a cependant été publié en format feuilleton par l'Illustration (journal hebdomadaire),entre le 21 février et le 6 juin 1891 avec des illustrations d'Émile Bayard et le concours desgraveurs de l'Illustration. Les bénévoles du Project Gutenberg ont assemblé les tranches decette publication en un livre électronique, pour le bénéfice des usagers de notre bibliothèque en ligne.Une couverture couleur a été produite à partir d'une de ces gravures pour agrémenter cetteversion.

R. L.



PREMIÈRE PARTIE


Au balcon d'une maison du boulevard Bonne-Nouvelle, en hautes et largeslettres dorées, on lit: Office cosmopolitain des inventeurs; et surdeux écussons en cuivre appliqués contre la porte qui, au premier étagede cette maison, donne entrée dans les bureaux, cette enseigne se trouverépétée avec l'énumération des affaires que traite l'office: «Obtentionet vente de brevets d'invention en France et à l'étranger; attaque etdéfense des brevets en tous pays; recherches d'antériorités; dessinsindustriels; le Cosmopolitain, journal hebdomadaire illustré: M.Chaberton, directeur.»

Qu'on tourne le bouton de cette porte, ainsi qu'une inscription invite àle faire, et l'on est dans une vaste pièce partagée par cages grillées,que divise un couloir central conduisant au cabinet du directeur; untapis en caoutchouc (B.S.G.D.G.) va d'un bout à l'autre de ce couloir,et par son amincissement il dit, sans qu'il soit besoin d'autresindications, que nombreux sont ceux qui, happés par les engrenages dubrevet d'invention, engagés dans ses laminoirs, passent et repassent parce chemin de douleurs, sans pouvoir s'en échapper, et reviennent làchaque jour jusqu'à ce qu'ils soient hachés, broyés, réduits en pâte etqu'on ait exprimé d'eux, au moyen de traitements perfectionnés, tout cequi a une valeur quelconque, argent ou idée. Tant qu'il lui reste unsouffle la victime crie, se débat, lutte, et aux guichets des cagesderrière lesquels les employés se tiennent impassibles, ce sont desexplications, des supplications ou des reproches qui n'en finissent pas;puis l'épuisement arrive; mais celle qui disparaît est remplacée par uneautre qui subit les mêmes épreuves avec les mêmes plaintes, les mêmessouffrances, la même fin, et celle-là par d'autres encore.

En général les clients du matin n'appartiennent pas à la même catégorieque ceux du milieu de la journée ou du soir.

A la première heure, souvent avant que Barnabé, le garçon de bureau, aitouvert la porte et fait le ménage, arrivent les fiévreux, les inquiets,ceux que l'engrenage a déjà saisis et ne lâchera plus; de la période desgrandes espérances ils sont entrés dans celle des difficultés et desprocès; ils apportent des renseignements décisifs pour leur affaire quidure depuis des mois, des années, et va faire un grand pas ce jour-là;ou bien c'est une nouvelle provision pour laquelle ils sont en retard etqu'ils ont pu enfin se procurer le matin même par un dernier sacrifice;et, en attendant l'arrivée des employés ou du directeur, ils contentleurs douleurs et leurs angoisses à Barnabé qui les enveloppe de flotsde poussière soulevés par son balai.

Puis, après ceux-là, c'est l'heure de ceux qui, pour la p

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