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GEORGE SAND

CORRESPONDANCE

1812-1876

I

QUATRIÈME ÉDITION

PARIS CALMANN LÉVY, ÉDITEUR. ANCIENNE MAISON MICHEL LÉVY FRÈRES 3, RUEAUBER, 3

1883

CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

I

A MADAME MAURICE DUPIN[1]QUI ALLAIT QUITTER NOHANT[2]

1812.

Que j'ai de regret de ne pouvoir te dire adieu! Tu vois combien j'aide chagrin de te quitter. Adieu pense à moi, et sois sûre que je net'oublierai point.

Ta fille.

Tu mettras la réponse derrière le portrait du vieux Dupin[3].

  [1] Mademoiselle Aurore Dupin avait alors huit ans.
  [2] Propriété de madame Dupin de Francueil, puis de George Sand,
    près la Châtre (Indre).
  [3] Portrait au pastel de M. Dupin de Francueil, qui se trouve dans
    le salon de Nohant.

II

A LA MÊME, A PARIS

Nohant, 24 février 1815

Oh! oui, chère maman, je t'embrasse; je t'attends, je te désire et jemeurs d'impatience de te voir ici. Mon Dieu, comme tu es inquiète demoi! Rassure-toi, chère petite maman. Je me porte à merveille. Jeprofite du beau temps. Je me promène, je cours, je vas, je viens, jem'amuse, je mange bien, dors mieux et pense à toi plus encore.

Adieu, chère maman; ne sois donc point inquiète. Je t'embrasse de toutmon coeur.

AURORE[1].

[1] Mademoiselle Aurore Dupin avait alors onze ans.

III

A.M. CARON, A PARIS

Nohant, 21 novembre 1823.

J'ai reçu votre envoi, mon petit Caron, et je vous remercie de votreextrême obligeance. Toutes mes commissions sont faites le mieux dumonde, et vous êtes gentil comme le père Latreille[1].

Vous m'avez envoyé assez de guimauve pour faire pousser deux millionsde dents; comme j'espère que mon héritier[2] n'en aura pas tout à faitautant, j'ai fait deux bouteilles de sirop dont vous vous lécherez lesbarbes si vous vous dépêchez de venir à Nohant; car mon petit n'estpas disposer à vous en laisser beaucoup. Au reste, votre envoi a faitbon effet, puisque nous avons deux grandes dents. Vous seriez amoureuxde lui maintenant: il est beau comme vous, et leste comme son père.J'aimerais autant tenir une grenouille, elle ne sauterait pas mieux.

Adieu, mon petit père. Nous vous embrassons et sommes vos bons amis.

LES DEUX CASIMIRS[3].

[1] Vieil ami et correspondant de la famille. [2] Maurice, son fils, qui avait alors quatre mois. [3] Nom de François-Casimir Dudevant, son mari.

IV

A MADAME MAURICE DUPIN, A PARIS

Je ne sais pas la date. Nous sommes le deuxième dimanche de carême[1].

...

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