L'Illustration, No. 3649, 1 Février 1913
Ce numéro se compose de vingt-quatre pages au lieu de seize et comprenddeux suppléments:
1° L'Illustration Théâtrale contenant Kismet, d'Edward Knoblauch(texte français de Jules Lemaître);
2° Le 2e fascicule des Souvenirs d'Algérie (Récits de chasse et deguerre), du général Bruneau.
Lieut.-Colonel Tyrrell. Enver Bey G. Rémond.
LENDEMAIN DE COUP D'ÉTAT:ENVER BEY AU SELAMLIK
Le chef des Jeunes-Turcs, qui la veille a arrachéla démission du cabinet après une tragique bagarre, s'entretientpaisiblement avec l'attaché militaire anglais et le correspondant de«L'Illustration».--Voir l'article, pages 80 et 81.
Les prochains numéros de L'Illustration contiendront:
La Femme seule, de M. Brieux;
La Prise de Berg-op-Zoom, de M. Sacha Guitry;
Les Flambeaux, de M. Henry Bataille;
Alsace, de MM. Gaston Leroux et Lucien Camille;
L'Homme qui assassina, de M. Pierre Frondaie, d'après le roman de M.Claude Farrère;
L'Habit vert, de MM. Robert de Flers et G.-A. de Caillavet;
Les Eclaireuses, de M. Maurice Donnay.
Quelle étrange impression je ressens lorsqu'il m'arrive de recevoir unde ces catalogues de bijoux fabuleux,--qui font rêver les femmes en lesplongeant dans de grands silences de convoitises! Je suis sûr que vousavez éprouvé le même malaise, la même mélancolie, le mêmedésenchantement que moi quand vous ouvriez, comme un ouvrage sanssubstance et qu'on ne lit pas, le volume richement traité, qui contientsi peu de texte et dans lequel ne sont imprimées d'autres pensées quecelles de l'envie, de la coquetterie brûlante et de l'amer regret?
Voici les planches où sont représentés au naturel, en portrait, commedes personnes, les diamants et les brillants, les perles et les pierresde couleur. Images d'une infinie tristesse! La perfection, le soin vouluavec lesquels on les a poussées en augmentent la froideur, l'inutileopulence. On peut compter chaque perle, chaque pierre, les retourner del'oeil. Enfilées par ordre de taille, choisies avec angoisse,rigoureusement mesurées, elles s'alignent, chapelets profanes, surlesquels n'a jamais glissé, venant du coeur aux lèvres et des lèvres auxdoigts, la plus fugitive prière. Ces colliers apparaissent véritablementce qu'ils sont, des chaînes, plus solides en dépit du mince fil qui lesconstitue que si elles étaient faites d'anneaux de fer. Et plus lourdes,mieux rivées que toutes, ces chaînes-là garrottent davantage lesvolontaires captives qui en ont imprudemment contracté la trop grandehabitude. Les prisonnières du joyau ne sont délivrées que par la mort,qui les dépouille en les remettant à nu comme à l'entrée des geôles