Deux contes

par
MAURICE MAETERLINCK

Le Massacre des Innocents
Onirologie

Avec un portrait de l’Auteur

A PARIS
Chez Georges Crès et Cie, Éditeurs
116, Boulevard Saint-Germain, 116

MCMXVIII

Exemplaire sur papier de Rives
No

Les deux contes que nous publions iciont paru dans des périodiques ; l’un dans« La Pléiade » (Paris, mars 1886) etl’autre dans la « Revue Générale »(Bruxelles, juin 1889). Le premier a étéréimprimé plusieurs fois, et son texte,légèrement modifié par l’auteur, figuredans ce livre émouvant : « Les Débris dela Guerre » (Paris, Fasquelle, 1917,in-18). On nous saura gré, nous voulonsle croire, de trouver à la suite le texted’« Onirologie », cette œuvre de jeunesse,fort ignorée, ayant l’attrait del’inédit et offrant, de plus, une curieuseanalogie avec les admirables pages publiéesrécemment par Maurice Maeterlinck, sousce titre : « L’Hôte inconnu ».

Les Éditeurs.

LE MASSACRE
DES
INNOCENTS

Le « Massacre des Innocents » parutpour la première fois en 1886, dans unepetite revue : « La Pléiade », que quelquesamis et moi avions fondée au QuartierLatin, et qui mourut d’inanition après sonsixième numéro. Si je fais place ici à cesmodestes pages d’un début sans éclat, — carje n’avais rien imprimé jusqu’à ce jour, — cen’est pas que je m’abuse sur lesmérites de cette œuvre de jeunesse, où jem’étais simplement appliqué à reproduirede mon mieux les divers épisodes d’untableau du musée de Bruxelles, peint auXVIe siècle par Pieter Breughel-le-Vieux.Mais il m’a semblé que les événementsavaient transformé cet humble exercicelittéraire en une sorte de vision symbolique :car il n’est que trop vraisemblableque des scènes analogues ont dû se répéterdans plus d’un de nos malheureux villagesdes Flandres ou de Wallonie ; et que pourles décrire telles qu’elles viennent de sepasser, il n’y aurait qu’à changer le nomdes bourreaux et probablement,hélas ! à en accentuer lacruauté, l’injustice etl’horreur.

M. M.

LE
MASSACRE DES INNOCENTS

Ce vendredi, 26 du mois de décembre,vers l’heure du souper, un petitvacher vint à Bethléem en criant terriblement.

Des paysans qui buvaient de la cervoiseen l’auberge du Lion-Bleu ouvrirent lesvolets pour regarder dans le verger duvillage, et virent l’enfant qui accourait surla neige. Ils reconnurent que c’était le filsde Korneliz et lui crièrent par la fenêtre :« Qu’est-ce qu’il y a ? Allez vous coucher ! »

Mais il répondit avec épouvante que lesEspagnols étaient arrivés, qu’ils avaientincendié la ferme, pendu sa mère, dans lesnoyers, et lié ses neuf petites sœurs autronc d’un grand arbre.

Ces paysans s

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