DIANE DE LANCY

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Paris.—Imprimerie L. Poupart-Davyl, 30 rue du Bac
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PONSON DU TERRAIL

DIANE
D E   L A N C Y

LES PRÉTENDUS DE LA MEUNIÈRE

PARIS
LIBRAIRIE INTERNATIONALE
15, BOULEVARD MONTMARTRE

A. LACROIX, VERBOECKHOVEN & Cᵉ, ÉDITEURS

A Bruxelles, à Leipzig et à Livourne
1868
Tous droits de traduction et de reproduction réservés
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DIANE DE LANCY

PROLOGUE

I

Par une soirée pluvieuse et froide du mois denovembre 1792, une barque était amarrée dansune petite baie des côtes du Finistère, à quarantepas environ d’une hutte de pêcheur, dontla mer, lorsqu’elle était grosse, venait ébranlerles murs et battre la porte à moitié disjointe.

La barque dansait sur la lame avec un sinistrebruit que causaient ses avirons en heurtant lesbordages, l’Océan était gros de colères encorecontenues, mais qu’un souffle de vent allaitfaire éclater; et ce souffle n’était pas loin, sil’on en jugeait à la forme bizarre et tourmentéedes nuages qui se mouvaient lourdement à{2}l’horizon.

La nuit était proche, la pluie rétrécissait cedemi-cercle que, du haut des plages, l’œilparaît embrasser au loin sur la mer: cependant,aux dernières et blafardes lueurs de cecrépuscule privé de rayons, on apercevait, àcette ligne extrême qui sépare le ciel de l’Océan,un point noir qui semblait s’approcher de laterre avec une prudente circonspection.

Ce point noir n’était autre qu’un de ces petitsbâtiments de commerce qui, pendant les oragesrévolutionnaires, sauvèrent de la guillotinetant de victimes, en les déposant, en une seulenuit, sur le rivage anglais. Dans la hutte dupêcheur il y avait un grand feu, autour duquelétaient assis trois personnages dont la différencede costumes indiquait suffisamment ladiversité de rang et de profession.

Le premier était le maître de la hutte, ungrand gaillard bien découplé, aux épauleslarges, aux cheveux d’un roux ardent, auxmains calleuses et couvertes de ces durillonsineffaçables qui proviennent du frottement continuelde l’aviron. Ce n’était plus un jeunehomme, peut-être était-ce un vieillard, maisdes plus robustes à coup sûr.

Ses deux hôtes pouvaient avoir l’un et l’autrede vingt-trois à vingt-cinq ans; ils étaient brunsde visage et de cheveux; on aurait pu, à unevague ressemblance existant entre eux et provenant{3}bien plus d’une communauté de type qued’une identité de race, les prendre pour deuxfrères, si l’un n’avait été vêtu d’un uniformed’officier qui indiquait le gentilhomme, tandisque l’autre portait la livrée d’un valet; le premierétait assis sur l’unique chaise qui se trouvaitdans la hutte, les pieds tournés vers le feu,son front appuyé dans ses mains, accoudé qu’ilétait à une table boiteuse et encore chargéedes débris du plus modeste des repas. Une somnolencepénible, double résultat d’une longuemarche et de navrantes préoc

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