PARIS.—IMPRIMERIE SCHNEIDER,
1, rue d'Erfurth.
DU VÉRITABLE
PAR
VIGNETTES PAR MAURICE SAND
GRAVURES DE DELAVILLE
PARIS
PUBLIÉ PAR E. BLANCHARD
ANCIENNE LIBRAIRIE HETZEL,
RUE RICHELIEU, 78.
1851
PREMIÈRE PARTIE.
SECONDE PARTIE.
A MADEMOISELLE VALENTINE FLEURY.
Ma chère mignonne, je te présente ce petit conte et souhaite qu'ilt'amuse pendant quelques heures de ton heureuse convalescence.
En gribouillant ce Gribouille, j'ai songé à toi. Je ne te l'offre paspour modèle, puisque, en fait de bon cœur et de bon esprit, c'est toiqui m'en as servi.
GEORGE SAND.
Nohant, 26 juillet 1850
Il y avait une fois un père et une mère qui avaient un fils. Le filss'appelait Gribouille, la mère s'appelait Brigoule et le pèreBredouille. Le père et la mère avaient six autres enfants, trois garçonset trois filles, ce qui faisait sept, en comptant Gribouille qui étaitle plus petit.
Le père Bredouille était garde-chasse du roi de ce pays-là, ce qui lemettait bien à son aise. Il avait une jolie maison au beau milieu de laforêt, avec un joli jardin dans une jolie clairière, au bord d'un joliruisseau qui passait tout au travers du bois. Il avait le droit dechasser, de pêcher, de couper des arbres pour se chauffer, de cultiverun bon morceau de terre, et encore avait-il de l'argent du roi, tous lesans, pour garder sa chasse et soigner sa faisanderie; mais le méchanthomme ne se trouvait pas encore assez riche, et il ne faisait que voleret rançonner les voyageurs, vendre le gibier du roi, et envoyer enprison les pauvres gens qui venaient ramasser trois brins de bois mort,tandis qu'il laissait les riches, qui le payaient bien, chasser dans lesforêts royales tout leur soûl. Le roi, qui était vieux et qui nechassait plus guère, n'y voyait que du feu.