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[Transcriber's note: MIRABEAU (Honoré Gabriel Riquetti,comte de Mirabeau) (1749-1791),Hic et Hec (1798), édition de 1921
A French erotic novel of the 18th Century]
L'oeuvre
du
Comte de Mirabeau
(…)
Hic et Hec, ou l'art de varier les plaisirs de l'amour
(…)
Hic et Hec
Je dois le jour à une distraction d'un R. P. jésuited'Avignon, qui, se promenant avec ma mère, blanchisseuse de lamaison, quitta dans l'obscurité le sentier étroit qu'ilparcourait d'ordinaire en faveur de la grande route qui luiétait peu familière. A peine avais-je six ans que sa tendressepaternelle me fit admettre par charité dans les bassesclasses; j'y rendais tous les services qu'on pouvait attendrede mon âge, et grâce aux heureuses dispositions dont la naturem'avait doué, je profitai; à douze ans, je pus balayer latroisième et faire les commissions du père Natophile, qui enétait régent. J'étais précoce en tout, ma taille était élancéeet svelte, mon visage rond et vermeil, mes cheveux châtain-brunet mes yeux noirs, grands et perçants me faisaientparaître plus âgé que je n'étais: on me prenait pour un enfantde quatorze ans. La bassesse de mon origine, la pauvreté de maparure, m'avaient éloigné de toute intimité avec mes camaradesde classe, et par conséquent de la corruption, et je donnaistout mon temps à l'étude. Le régent, satisfait de mes progrès,me prit en affection, me chargea du soin d'arranger sachambre, de faire son lit et de lui porter tout ce dont ilavait besoin; et pour ma récompense, il me donnait des leçonsparticulières après la classe, et me faisait lire dans sachambre des auteurs qu'on n'explique pas en public.
Un jour, j'avais plus de treize ans alors, il me tenait entreses jambes pour me suivre des yeux dans l'explication de lasatire de Pétrone; son visage s'enflammait, ses yeuxétincelaient, sa respiration était précipitée et syncopée; jel'observais avec une inquiète curiosité qui, divisant monattention, me fit faire une méprise. — Comment, petit drôle!me dit-il d'un ton qui me fit trembler, un sixième ne feraitpas une pareille faute; vous allez avoir le fouet. J'eus beauvouloir m'excuser et demander grâce, l'arrêt était prononcé;il fallut bien me soumettre. Il s'arme d'une poignée deverges, me fait mettre culotte bas, je me jette sur son lit,et de peur que je ne me dérobe au châtiment, il passe son brasgauche autour de mes reins, de façon que sa main empoigne unbijou dont j'ignorais encore l'usage, quoique sa duretémomentanée, depuis plus d'un an, m'eut donné à penser. —Allons, petit coquin, je vais vous apprendre à faire dessolécismes. Et il agite légèrement les verges sur mesjumelles, de manière à les chatouiller plutôt qu'à lesblesser. La peur ou le doux frottement de sa main fit grossirce qu'il tenait. — Ah! petit libertin, qu'est-ce que je senslà? Ah! vous en aurez d'importance. Et il continuait la douceflagellation et ses attouchements, jusqu'à ce que, enivré devolupté, un jet de nectar brûlant couronnât ses efforts etcomblât ma félicité. Alors, jetant les verges: — Ferez-vousplus attention une autre fois? — Ah! je ne le crois pas, monpère, il y a trop de plaisir à être corrigé de votre main. —Tu me pardonnes ma colère; eh bien, ap