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Table des matières

LA SÉPARATION
des
ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


ARISTIDE BRIAND

DÉPUTÉ

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La Séparation

des

Églises et de l’État

————

Rapport fait au nom de la Commission
de la Chambre des Députés, suivi des pièces annexes


PARIS

ÉDOUARD CORNÉLY ET Cie, ÉDITEURS

101, RUE DE VAUGIRARD, 101

1905


RAPPORT

FAIT

AU NOM DE LA COMMISSION RELATIVE A LA SÉPARATION DES ÉGLISES ETDE L’ÉTAT ET A LA DÉNONCIATION DU CONCORDAT[1] CHARGÉS D’EXAMINER LEPROJET DE LOI ET LES DIVERSES PROPOSITIONS DE LOI concernantla Séparation des Églises et de l’État.

PAR

M. ARISTIDE BRIAND

député.


INTRODUCTION

Messieurs,

En 1778, quelques années à peine avant la Révolution, il existait dansle royaume de France une moyenne de 130.000 ecclésiastiques. On pouvaitles répartir ainsi: 70.000 appartenaient au clergé séculier parmilesquels on comptait 60.000 curés et vicaires; 2.800 prélats, vicairesgénéraux, chanoines de chapitres; 5.600 chanoines de collégiales;3.000 ecclésiastiques sans bénéfices. Quant 2 au clergé régulier lechiffre des ecclésiastiques qu’il comprenait s’élevait à 60.000.

Ces chiffres sont empruntés à l’abbé Guettée, et Taine les donnecomme authentiques. De Pradt, le célèbre diplomate ecclésiastique,le conseiller et le collaborateur de Napoléon dans son œuvreconcordataire, nous apporte un dénombrement analogue.

Ces 130.000 ecclésiastiques possédaient, à la veille de la Révolution,un tiers de la fortune de la France. Dans son rapport au Comitéecclésiastique, le constituant Treilhard évalue à 4 milliards lesbiens du clergé; et ce chiffre n’a rien d’exagéré. Ces 4 milliardsrapportent annuellement de 80 à 100 millions; et il faut joindre à cerevenu ce que produit au clergé la dîme; soit 123 millions par an; autotal, 200 millions.

Pour apprécier l’importance de ce revenu, en le chiffrant suivant lavaleur qu’il aurait aujourd’hui, il faut parler de 400 millions. Il n’aété question ni du casuel ni des quêtes.

Et si nous avons placé ici, au début de ce travail cet état succinct dela propriété ecclésiastique, à la veille de la Révolution française,c’est afin de donner une idée éclatante de ce qu’était la puissancematérielle de l’Eglise, en France, au moment où cette puissance, etl’autorité morale même du catholicisme vont être mises en question, etpour la première fois contestées au nom de principes qui s’attaquèrentnon seulement aux manifestations extérieures de l’Eglise, à ses abus,à certains de ses dogmes, comme l’avaient fait, par exemple, leprotestantisme et l’orthodoxie russe, mais à son esprit même, à saconception générale de la vie, du monde, et de la divinité.

Si, par le seul effort des constituants et des conventionnels, cetteénorme puissance matérielle a pu être sapée, détruite, anéantie,—dumoins pendant la période ...

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